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Effets des interventions d’exercice physique sur le sommeil chez des adultes (ayant été) traités pour un cancer

27/08/2019

imagesLa revue Journal of Psychosomatic Research1 (accès libre) publie ce mois-ci un travail collectif qui aura duré plus de trois années. En effet, avec la collaboration étroite de J. Savard (U. Laval, Canada) et de L.M Buffart (U Amsterdam, Pays-Bas), nous avons utilisé les données disponibles dans la littérature scientifique et les données ‘brutes’ de 17 essais cliniques [c-à-d que les chercheurs ont partagé leurs données, une fois l’étude terminée, >2100 patients].

  • Notre objectif était double : Les interventions d’exercice physique sont-elles associées à une diminution des troubles du sommeil et une amélioration de la qualité du sommeil ? Quels sont les caractéristiques démographiques, cliniques ou liés à l’intervention qui pourraient être associés à de meilleurs résultats ?

Lorsque l’on rassemble la totalité des données disponibles dans la littérature (27 & 17 études) ayant respectivement une mesure de trouble du sommeil ou de qualité du sommeil, les analyses statistiques corrigées, nous permettent de montrer une diminution légère des troubles du sommeil à la suite d’une intervention d’exercice physique. En revanche, aucun effet n’est constaté sur la qualité du sommeil.

Les données partagées des chercheurs nous permettaient d’explorer les caractéristiques des participants ou des programmes d’exercice physique. En voici quelques un : âge, sexe, type de cancer, présence de métastases, type de traitement [ex. chirurgie], durée de l’intervention, fréquence, intensité…. Bilan, aucun des facteurs testés n’était associé à moins de trouble du sommeil. Pour la qualité du sommeil, nous avons uniquement testé la présence initiale d’un trouble de sommeil avant l’intervention, sans résultat.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ces résultats. Tout d’abord, les deux variables d’intérêt étaient uniquement auto-rapportées dont une avec un seul item. L’effet statistique significatif demeure faible, on peut se demander alors si les bénéfices ‘théoriques’ ont vraiment une réalité clinique pour les participants. Enfin, il y a beaucoup de facteurs spécifiques aux types de cancer qui pourraient entre en jeu. Par exemple, la prévalence des bouffées de chaleur nocturnes chez les femmes traitées pour un cancer du sein, nous en savons peu sur l’impact de l’exercice sur ce symptôme.

Capture du 2019-08-27 10-09-27À ce jour, le traitement basé sur des données probantes qui aide le plus les adultes aux prises avec des troubles du sommeil en contexte oncologique reste la thérapie cognitive et comportementale centrée sur l’insomnie (TCC-I). D’ailleurs une récente étude menée par J.Savard a comparé la TCC-I avec un programme d’exercice semi-supervisé2. La question des chercheurs n’était pas d’identifier la meilleure intervention mais plus tôt de savoir si les deux traitements pouvaient être considérés comme équivalents. Les résultats suggéraient que les deux interventions ont un effet sur la diminution des troubles. Cependant, à court terme la TCC-I était supérieure à court terme mais les deux traitements avaient le même effet à moyen terme.

Si vous souhaitez approfondir la question :

  • Bernard P, Ivers H, Savard M-H, Savard J. Temporal relationships between sleep and physical activity among breast cancer patients with insomnia. Health Psychol. 2016;35(12):1307-1315. doi:10.1037/hea0000408
  • Mercier J, Savard J, Bernard P. Exercise interventions to improve sleep in cancer patients: A systematic review and meta-analysis. Sleep Medicine Reviews. 2017;36(Supplement C):43-56. doi:10.1016/j.smrv.2016.11.001

 

1. Bernard, P. et al. Effects and moderators of exercise on sleep in adults with cancer: Individual patient data and aggregated meta-analyses. J. Psychosom. Res. 124, 109746 (2019).

2. Mercier, J., Ivers, H. & Savard, J. A non-inferiority randomized controlled trial comparing a home-based aerobic exercise program to a self-administered cognitive-behavioral therapy for insomnia in cancer patients. Sleep 41, (2018).

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