Aller au contenu principal

L’écoblanchiment dans le sport (2/2)

04/01/2020

Après rappel historique à propos de la renaissance moderne des Jeux Olympiques (JO), Miller souligne, comment à partir des années 80, les JO sont devenus une entreprise commerciale gigantesque par le développement de “partenariats” avec des entreprises. Il ajoute aussi que les JO sont aussi un instrument majeur de “soft-power” pour les états organisateurs. A titre d’exemple, le Japon a dépensé l’équivalent de son budget national pour mettre en place des installations, moyens de transports et communications pour les JO de Tokyo en 1964 afin de donner une image moderne au pays.

L’écoblanchiment a pris un essor important au JO à partir des années 90, avec notamment une première pression issue de Greenpeace sur le gouvernement Australien afin que des stratégies de minimisation de pollution des sites des JO de Sydney soient mises en place. Toutefois, Miller critique sévèrement Greenpeace pour sa “contribution” indirecte à l’écoblanchiment en donnant une sorte de caution aux organisateurs et n’abordant pas les problèmes des JO impactant réellement l’environnement.

L’auteur poursuit ses exemples avec les JO d’Athènes et de Beijing. Il rappelle que la pollution atmosphérique était initialement massive dans cette ville. La seule solution efficace a été de fermer temporairement les usines émettrices avec une efficacité discutable. (voir aussi l”état actuel des installations des JO d’Athènes)

Les JO de Londres en 2012 avaient présentés comme les plus verts de l’histoire. Miller dans un bref passage décrit ses perceptions personnelles liées à la construction du village olympique là où il vivait. Il souligne aussi que les associations environnementales chargées de veiller à diminuer l’empreinte carbone de l’événement avait peu d’impact décisionnel. Il ajoute que pour le 1er fois les organisateurs de JO développaient une nouvelle catégorie de partenaires: les partenaires durables (ex: BP, BMW, Cisco, General Electrics…), catégorie de partenariat qui ne demandait pas de réelles contre-parties environnementales.

Miller souligne aussi les efforts des JO “durables” de Vancouver pour développer des infrastructures en milieu naturel avec de la neige artificielle afin de palier les conséquences désastreuses de la pluie, précédant les JO. Cependant, il ajoute que les JO de Sochi étaient bien pires. Le gouvernement russe a simplement supprimé les évaluations d’impacts écologiques des installations et développé la stratégie de communication “une écologie populaire”. En d’autres termes, tout employé du comité organisateur devait avoir à cœur de préserver l’environnement. Or les JO de Sochi ont eu un impact négatif majeur sur les forêts anciennes, les terres arables, les populations de saumon environnantes et les réserves naturelles proches….

En conclusion, cet ouvrage déconstruit les discours et pratiques d’écoblanchiment dans le sport haut niveau. Il rappelle la dimension politique et économique des pratiques d’écoblanchiment (« greenwashing »). Si la question du changement climatique et du sport vous intéresse, il apparaît essentiel de le lire.

C’est aussi très pertinent de suivre aussi l’actualité des stratégies de communication des JO de Paris sur la question environnementale et leur “durabilité”. Finissions par un petit jeu. Rappelons nous la citation évoquée dans le précédent article : “La durabilité est devenue une devise, et l’écoblanchiment un de ses outils” et des diverses stratégies d’écoblanchiment présentées, puis lisons ces 3 articles de presse:

Le développement durable, «ADN de la candidature» de Paris 2024 (L’ÉQUIPE)

Le développement durable «n’est pas un objectif, c’est l’ADN même de la candidature que nous construisons avec les athlètes et l’ensemble de nos partenaires, a affirmé Tony Estanguet dans un communiqué du Comité. L’un des héritages majeurs pour Paris sera la possibilité pour les Parisiens de se baigner dans la Seine, dans la foulée des épreuves de triathlon qui se disputeraient au coeur de Paris, au pied de la Tour Eiffel, dans les eaux de la Seine, avec ce que cela implique en termes d’assainissement et de traitement de l’eau.”

Les engagements durables pour les Jeux Olympiques de Paris

Cette démarche pour des Jeux Olympiques plus durables s’est faite avec le soutien et les propositions formulées par WWF France dans le cadre d’un rapport. Pour WWF, les Jeux Olympiques de Paris pourraient ainsi permettre une sensibilisation de tous les visiteurs”

Comment Paris veut organiser ses « JO verts » ( Le Parisien – Article en partenariat avec SUEZ)

Pour relever ce défi, une « stratégie durabilité » a été bâtie et avec elle un plan de 47 actions dans de nombreux domaines (transports, infrastructures, gestion des déchets…)”

Très bonne analyse de Bastamag JO 2024 à Paris : pourquoi le rêve olympique peut se terminer en cauchemar financier

« Dans l’histoire des grands événements sportifs internationaux, Paris 2024 est une candidature avant-gardiste d’un point de vue environnemental, assure Didier Lehénaff, fondateur de l’association Sport vert pour ma planète et vice-président de la fédération « Sport and Sustainability International ». C’est la première candidature certifiée ISO 20 121, une norme spécialement créée pour accompagner l’événementiel dans une logique de développement durable. » Fort du partenariat avec le WWF, grande caution éco-responsable de la candidature, le discours finit par faire mouche, même auprès d’un certain nombre d’acteurs de l’écologie.”

Si vous souhaitez lire en français, un document qui semble fort bien construit (je n’ai que les conclusions) Braam présente La durabilité environnementale des Jeux olympiques d’hiver, plus particulièrement les JO de Turin.

2 commentaires leave one →
  1. 04/01/2020 8:00

    Très intéressant. Cela signifie-t-il que dans un moyen terme il faudra éliminer l’organisation des JO ou est-il possible de repenser les JO avec un moindre cout environnemental?

Trackbacks

  1. are the Winter Olympics going to disappear? - Exact Release

Un commentaire ???